La transformation du système de santé s’accélère, portée par une crise d’accès aux soins sans précédent et des attentes sociétales croissantes. En Occitanie comme ailleurs, la question du rôle des médecins libéraux est plus que jamais centrale : serons-nous de simples exécutants de politiques décidées d’en haut, ou des partenaires incontournables ?
La dernière proposition de loi de programmation en santé, portée par la FHF et débattue à SantExpo 2025, illustre la tentation d’un pilotage centralisé. Cette évolution, si elle n’est pas accompagnée d’un véritable dialogue et d’une reconnaissance de notre expertise de terrain, risque de renforcer la charge administrative et de réduire notre autonomie, déjà mise à mal par la multiplication des protocoles et des justifications de prescriptions.
Pourtant, la réalité du terrain occitan montre une tout autre dynamique. Les occitans sont gens de dialogue et d’adaptation.
Les médecins libéraux occitans ne se contentent pas d’appliquer des directives : ils innovent, expérimentent, et proposent des solutions adaptées aux besoins de leurs territoires. Dans la proximité de leurs patients
• L’URPS Médecins Libéraux Occitanie a été pionnière dans la promotion d’outils numériques, facilitant le parcours patient et la coopération entre professionnels.
• Des initiatives comme les dispositifs DALIA ou TOD, portés par les médecins, permettent de répondre à la déshérence médicale par des équipes flexibles et coordonnées, offrant une prise en charge programmée et adaptée aux patients chroniques.
• Les CPTS et les MSP illustrent, pour nombre d’entre elles, la capacité des médecins libéraux à s’organiser collectivement, à décloisonner les pratiques et à proposer des solutions de proximité, souples et évolutives, à la main des professionnels eux-mêmes.
Face à la tentation d’une recentralisation, notre responsabilité est double :
• Refuser la réduction de notre rôle à celui d’exécutant : la contractualisation, la modulation tarifaire et la multiplication des indicateurs ne doivent pas nous transformer en gestionnaires d’objectifs administratifs, au détriment du soin et de la relation humaine avec nos patients.
• Nous devons continuer à porter des projets, à proposer des organisations nouvelles, à défendre une gouvernance territoriale réellement partagée, où la voix des libéraux compte autant que celle des autres acteurs.
En Occitanie, l’URPS Médecins Libéraux, forte de ses 12 000 médecins, reste l’interlocuteur privilégié de l’ARS et des pouvoirs publics pour co-construire les réponses aux défis d’accès aux soins, d’attractivité des territoires et d’évolution des pratiques professionnelles.
La transformation du système de santé ne se fera pas sans les médecins libéraux. Nous sommes et resterons des partenaires incontournables, porteurs d’innovation et de solutions adaptées à la diversité de nos territoires. Mais cette ambition ne pourra se concrétiser que si nous restons vigilants face à toute tentative de centralisation excessive et si nous continuons à faire entendre notre voix, à défendre notre autonomie et à proposer, ensemble, des réponses concrètes aux besoins de nos patients.
C’est le sens de notre engagement à l’URPS Médecins Libéraux d’Occitanie : défendre, innover, proposer, pour que chaque médecin libéral reste acteur, et non spectateur, de la transformation du système de santé.
Jean-Christophe Calmes, président de l’URPS Médecins libéraux