Le sujet du salariat des médecins est complexe.
Il va au delà de la simple notion de médecin salarié ou de médecin libéral.
Président de l’URPS des médecins libéraux, je défends un exercice libéral où le médecin est propriétaire de son outil de travail et décisionnaire de son avenir.
Ce n’est pas le cas des médecins salariés, qu’ils le soient par la région, le département ou par des groupes financiers à but lucratif. Même si au sein des établissements, notamment publics, les CME* peuvent influer sur les décisions prises par l’administration, la décision politique d’organisation, de gestion, de planification des investissements n’appartient pas aux salariés.
Il y a un avenir pour un salariat médical qui est une forme d’exercice qui intéresse beaucoup nos jeunes confrères, au sein de communautés professionnelles, de MSP**.
C’est un exercice voulu par les médecins salariés, mais aussi par la structure qui les accueille et qui reste aux mains des professionnels qui l’animent. Ce salariat reste financé par la solidarité nationale via les rémunérations remboursées par notre système social et les accords de financement de ces structures (ACI)
Le salariat est souvent proposé par le pouvoir politique (c’est le cas en Occitanie). Il est une réponse que je peux comprendre et entendre parce qu’elle s’inscrit dans une démarche d’urgence liée à la dégradation réelle de l’accès aux soins.
Mais elle ne peut pas être pérenne
- D’abord parce que l‘étude attentive de ces modèles montre une grande mobilité des soignants.
- Ensuite parce qu’ils sont financés en partie par l’impôt (il y a donc une double cotisation sécurité sociale et impôt) et que l’équilibre financier est difficile à atteindre pour les centres employant les seuls généralistes.
Combien de temps nos concitoyens accepteront-ils de payer deux fois pour l’accès aux soins ?
Les médecins ne s’installent pas car ils manquent de moyens.
Je défends l’idée qu’il vaut mieux des salariés pour les médecins que des médecins salariés.
Une médecine réorganisée, dotée de moyens logistiques lui permettant de prendre en charge plus de patients est la bonne solution.
Un médecin généraliste traitant français soigne aujourd’hui 960 patients en moyenne.
Avec une équipe autour de lui (assistant, IPA etc.) il pourrait prendre en charge plus de patients.
Une règle de trois permet de dire que si la moyenne de patients pris en charge passe à 1200, il n’y a plus de problèmes d’accès aux soins.
* La commission médicale d’établissement (CME) constitue, en France, dans chaque établissement public de santé, l’instance représentative de la communauté
* *Maisons de Santé Pluriprofessionnelles