Emmanuel Macron a présenté ses vœux aux soignants le 6 janvier.
Cerné de prés par des conflits impliquant aussi bien les hospitaliers que les médecins libéraux, ces voeux étaient attendus par un secteur de la santé malmené de longue date. Le Conseil National de la Refondation allait-il donner lieu à des bouleversements dans l’organisation, l’amélioration des prises en charge et le financement des soins et des soignants ? Un choc d’attractivité allait-il secouer le monde médical et inciter les (trop) nombreux médecins non installés à franchir le pas ?
Les attentes étaient fortes mais sans illusion.
Pas de surprise dans le diagnostic. Il faudra 10 ans pour se sortir de la crise et nous sommes, collectivement, admirables. Ces deux assertions sont vraies. La vérité s’accommode assez bien de la calinothérapie.
Si les attentes furent déçues (ce qui était prévisible) l’illusion ne dura même pas l’espace d’un instant.
L’hôpital va se réorganiser d’ici juin nous dit-on. Espérons le. Il faudra repasser de la T2A (tarification à l’acte) à une rémunération à la mission. Pour la ville, les 600 000 patients sans médecin traitant seront pris en charge par… qui pourra, y compris des « équipes traitantes ». Au chapitre des mesures concernant la ville : assistants médicaux, rémunérations valorisées dans certains cas (PDSA, nouveaux patients) et libéralisation de la télé-consultation avec disparition du plafond de 20%.
Le mythe de la technologie au secours du soin…
Mais l’uberisation ne sauvera pas le soin. La dilution des responsabilités dans des équipes sans coordination, ou l’accès direct (porté par la loi RIST), n’amélioreront pas la qualité des soins. La médecine que nous pratiquons, mais surtout que nous VIVONS, est faite de dialogue singulier, sans interface numérique ou dilution des rapports humains dans la masse des intervenants. Elle se construit dans le temps ; et la confiance que nous témoignent nos patients est à la hauteur de l’investissement des médecins.
Je ne suis pas, nous ne sommes pas, arc-boutés sur des privilèges supposés (dont on voit bien tout l’attrait qu’ils suscitent au travers de l’effondrement des installations) ou des pratiques isolées d’un autre âge. Nous construisons, tous les jours, sur le terrain, la médecine de demain, qui est pluri-professionnelle, mais coordonnée autour du patient dans le respect des compétences de chacun. Nous bâtissons la proximité dans nos territoires en mutualisant nos compétences dans les structures coordonnées notamment (MSP*, CPTS*, ESS*). Proximité avec nos patients avec la construction de parcours de soins pour des prises en charge améliorées (ce n’est pas au patient d’organiser son parcours !) , avec les élus pour la prévention, l’organisation des soins dans les territoires.
Nous résistons collectivement à la submersion démographique liée au vieillissement de la population et à la désaffection pour les métiers du soin.
Mais notre société, nos responsables politiques, s’ils ont pris conscience de la gravité de la crise à venir, doivent accepter l’idée d’un investissement massif sur notre système de soins. Et notamment sur les soins de ville.
Je souhaite assurer l’ensemble des médecins occitans de l’engagement sans faille de la totalité de ses représentants pour cette nouvelle année, qui verra aussi la signature d’une nouvelle convention médicale. Mais c’est une autre histoire…
Jean-Christophe Calmes – Président de l’URPS ML Occitanie