Les « agents intelligents », nouvelle évolution de l’intelligence artificielle (IA), se présentent comme la prochaine grande révolution dans le domaine de la santé. Dévoilés en force lors du congrès HIMSS (Healthcare Information Management Systems Society), ces outils promettent d’automatiser de nombreuses tâches chronophages afin de recentrer les professionnels sur leur cœur de métier.
Difficile de faire un pas dans les allées du salon sans tomber sur les termes « AI agent » ou « agentic AI ». Environ 160 exposants affirment proposer des solutions basées sur ces technologies, tandis que des géants comme Google, Salesforce ou Oracle annoncent leurs propres développements.
Des IA autonomes pour gérer l’administratif
Les agents intelligents sont conçus pour fonctionner de manière autonome : ils observent leur environnement, analysent des données et prennent des décisions en fonction des objectifs définis. À la différence des simples chatbots ou outils d’automatisation traditionnels, ils exploitent des modèles de langage avancés (LLM) couplés à des technologies d’automatisation des processus (RPA), rendant leur champ d’application bien plus vaste.
« Je peux demander à un agent de récupérer des données financières, générer des documents, les envoyer à un collègue, obtenir son retour et organiser une réunion, tout cela en une seule commande », illustre Dennis Chornensky, expert en IA à l’UC Davis Health et ancien conseiller à la Maison Blanche.
Dans le domaine de la santé, ces outils trouvent déjà des applications concrètes :
- Planification intelligente des rendez-vous : un agent peut analyser l’urgence des patients, les lettres d’adressage et la disponibilité des médecins pour optimiser le calendrier.
- Automatisation des tâches administratives : transcription des consultations, gestion des dossiers, codage des actes médicaux, coordination des centres d’appels ou encore optimisation des facturations.
- Réduction des refus de prise en charge : en automatisant les demandes auprès des assureurs, ces outils permettent d’augmenter les chances d’acceptation des dossiers.
Une adoption rapide portée par les start-ups
Des entreprises innovantes investissent massivement dans cette technologie. La société américaine Innovaccer, qui a levé 275 millions de dollars en janvier, propose une suite d’outils baptisée IA Access Center Copilot et prévoit de lancer un nouvel agent chaque mois. Son IA s’occupe déjà de la prise de rendez-vous, de l’organisation des consultations et de la gestion des interactions avec les patients.
D’autres acteurs, comme Commure ou Notable, misent sur le développement de solutions d’écoute ambiante pour transcrire les consultations et extraire des tâches à accomplir. Notable a d’ailleurs présenté FlowBuilder, un outil permettant aux hôpitaux de créer sans code leurs propres agents intelligents.
L’intérêt pour ces technologies ne cesse de croître : Notable ambitionne d’équiper 50 établissements d’ici fin 2025 et Innovaccer projette une expansion en Europe sous deux ans.
Une transformation massive d’ici cinq ans ?
Les acteurs du secteur sont unanimes : ces outils vont profondément remodeler l’organisation des soins. « Nous allons assister à une transformation massive de la gestion des établissements de santé d’ici trois à cinq ans », prédit Abhinav Shashank, PDG d’Innovaccer.
L’objectif est double : réduire la charge administrative des soignants et optimiser les ressources financières des hôpitaux. Selon Innovaccer, un seul agent intelligent pourrait remplacer jusqu’à 10 postes dans un centre d’appels, générant ainsi des économies substantielles.
Si ces technologies soulèvent des questions éthiques et organisationnelles, elles s’inscrivent dans une tendance incontournable : l’intégration croissante de l’IA dans la gestion des soins de santé. Reste à voir si leur déploiement tiendra ses promesses et bénéficiera réellement aux patients et aux professionnels de santé.