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Arrêts de travail dans le PLFSS* : de mauvais remèdes face à un vrai problème

Les arrêts de travail vont être suivis de près. Cet axe stratégique du nouveau PLFSS peut s’entendre si l’on considère les chiffres de 2022 qui montrent une augmentation importante des arrêts. Et si l’on essaie de prendre le problème par le bon côté. Ce qui n’est pas le cas si l’on s’acharne sur les seuls prescripteurs.

Les arrêts sont d’abord un problème conjoncturel.

  • 2022 a connu une augmentation importante des arrêts de travail à mettre en lien avec l’épidémie de COVID.
  • La baisse du chômage induit mécaniquement une hausse des pathologies liées au travail.
  • Le décalage de l’âge du départ en retraite va avoir lui aussi des conséquences.
  • Les souffrances psychologiques sont en nette augmentation. Notamment chez les jeunes et les cadres. Faut-il y voir un effet COVID ou des pratiques de management délétères ?
  • La décision prise de limiter à 3 jours les arrêts « plateformes » délivrés très rapidement par des officines de téléconsultation ouvertes 7 jours/7 et 24h/24 est une mesure nécessaire. L’effet des télécabines et autres téléconsultations sur l’amélioration de l’accès aux soins reste d’ailleurs, en dehors de quelques exceptions, à démontrer..
  • 5 à 8% des arrêts de plus de 6 mois représentent 40 à 45% des dépenses
  • La fraude existe et doit être combattue. Elle n’est que peu représentée dans les 15 millards d’euros de dépenses supplémentaires imputées aux arrêts.
  • Enfin et il faut le noter, le présenteisme (le refus de l’arrêt par le salarié) est en nette augmentation. 25% des jours prescrits ne sont pas utilisés, essentiellement pour des raisons économiques.

La mise sous pression des prescripteurs (comme cela semble devoir être le cas) permettra t-elle un meilleur contrôle des dépenses ?

Sur le plan strictement budgétaire, certainement.

Mais les médecins se retrouvent en conflit moral entre devoir de soins et contrainte psychologique du contrôle. Cette situation n’est pas favorable à la prise en charge des patients et à la baisse de la charge mentale des soignants. Et ce n’est pas la solution.

La forte représentation des arrêts longs dans le surcoût des arrêts de travail doit nous inciter à travailler sur la prévention en entreprise. Nous devons privilégier le traitement de la cause plutôt que celui de la conséquence de l’arrêt. Les entreprises à risque sont connues. Les pathologies les plus en cause également. La hausse du « burn-out », qui touche, rappelons-le, les patients les plus investis dans leur profession, doit nous interpeller.

Mais l’orientation des mesures du PLFSS reste axée sur les prescripteurs.

L’arrêt de travail est, et doit rester une prescription médicale réfléchie, tenant compte du contexte médical et social et donc le fait du médecin traitant préférentiellement.  La lutte contre l’augmentation des arrêts, au-delà du traitement nécessaire d’une fraude qui reste marginale, passe par des mesures volontaristes d’amélioration du bien-être au travail dans les entreprises les plus représentées dans la prescription de ces arrêts.

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