Vouloir améliorer l’accès aux soins est louable.
Mais envisager d’augmenter les contraintes sur des métiers en tension est contre-productif.
Voici quelques éléments de réflexion que connaissent bien nos confrères, mais apparemment pas nos élus.
La régulation punitive est inefficace
Ce dispositif figerait les territoires normodotés (d’après l’APL*…) empêchant toute nouvelle installation en cas de modifications rapides de la demande de soins (baisse du nombre de médecins ou augmentation de la population ou les deux (effet ciseau). Par ailleurs, empêcher l’installation d’un médecin dans un territoire ne garantit aucunement qu’il s’installera dans un autre…
Une certaine incohérence politique
80 % des députés signataires représentent des zones normodotées. Il faudra expliquer à leurs électeurs pourquoi l’accès aux soins est en chute libre sur leur territoire…
Des exemples internationaux non transposables : on entend souvent parler des modèles danois, norvégiens ou allemands, mais leurs systèmes de soins sont très différents du nôtre. Transposition n’est pas raison. Par ailleurs, la DREE souligne les pénuries dans ces pays également.
Des conséquences négatives immédiates ou retardées
L’apparition rapide d’inégalités dans l’accès aux soins du fait de la disparition de médecins dans les zones normodotées, avec l’aggravation des délais d’attente. Et un risque non nul de changement d’orientation ou de choix d’autres modes d’exercice.
Au final, une approche simpliste pour un problème complexe
La simple régulation administrative fait fi des véritables moteurs de l’installation : attractivité des territoires, soutien logistique et foncier qui sont aussi, du reste, de la responsabilité des élus.
Par ailleurs, les inégalités d’accès aux soins relèvent davantage des dynamiques économiques et sociales que d’un manque de régulation.
Enfin, vouloir réguler un déficit en créant un autre déficit est un non-sens.
L’augmentation du nombre de médecins formés et la restauration de l’attractivité de l’exercice libéral (qui n’est pas que financière…) sont la seule solution. Le numerus apertus est en train de corriger le déficit. Comme souvent, patience et longueur de temps corrigeront les choix politiques passés.
N’en rajoutons pas….