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Est-ce que la technocratie sanitaire a un visage ?

La Directrice Générale de l’Agence Régionale de Santé d’Occitanie est remplacée par Pierre RICORDEAU. Le temps n’est pas au bilan, car le minimalisme de nos relations avec les services de l’Etat est notre actualité. Certes, quelques-unes de nos initiatives sont soutenues, peut-être même reconnues, mais la plupart de nos échanges s’inscrivent dans le simple formalisme d’un jeu de rôles. Ce n’est pas là le moindre des paradoxes en regard des enjeux sanitaires. Tout se passe dans notre territoire comme si l’Etat n’avait nul besoin d’interlocuteurs. Son savoir des affaires de santé est aujourd’hui abouti, il doit aller droit au but sous le sacrosaint primat de l’économie. Les instances de la démocratie sanitaire pourvoiront au dialogue social.

Les plans suivent les lois de santé, l’innovation est le maître mot, comme bâtir un nouveau système de soins, plus égalitaire, plus accessible. Entre autres créations, les plateformes territoriales d’appui à la pratique des médecins généralistes. L’innovation en Occitanie se traduit par un constat : personne n’a pris la peine d’interroger les médecins généralistes pour connaitre leur besoin d’appui. Quelle perte de temps ce serait, d’autant que l’agence a sous la main les réseaux !

Par effet d’aubaine, puisque financement il y a, les voilà transformés en plateforme territoriale d’appui, du seul fait de la puissance publique. L’implication des acteurs, le repérage des besoins de terrain, c’est tout simplement inutile. Les médecins n’ont qu’à s’installer dans les déserts, car plus personne ne comprend pourquoi ils ne le font pas !

Que fait-on d’ailleurs pour que les médecins s’installent ? Une série de mesures pensez-bien ! Le zonage en est le modèle, avec la plus grande partie de son périmètre décidée nationalement.

La centralisation ne s’arrête pas là. Son actualité concerne aussi l’hospitalisation privée. L’Etat facilite le regroupement des établissements au point que l’offre hospitalière privée devient la propriété de groupes capitalistiques de plus en plus puissants. Si ce mouvement améliore gestion et rentabilité, son impact sur la qualité de l’offre de soins est insuffisamment évalué. Nous ne voulons pas penser que derrière cette unification des modèles, créant des structures de taille nationale ou internationale, se cache aussi la pratique du pantouflage chère aux polytechniciens.

Ce ne doit pas être le visage de la technocratie. La médecine, même si elle l’exige, ne peut se satisfaire d’une approche purement technique, économique, et gestionnaire. Elle a besoin que les planificateurs, les tutelles, lui permettent de valoriser ses compétences dans les dimensions relationnelles, individuelles et identitaires du soin.

Docteur Maurice BENSOUSSAN, Psychiatre, Président de l’URPS ML Occitanie

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