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Gouverner c’est prévoir : la valse-hésitation de notre politique de santé

Depuis quarante ans, nous oscillons entre pénurie et pléthore de médecins, tel un navire sans gouvernail ballotté par les vents contraires de décisions contradictoires.
Comment ne pas être consterné par l’augmentation vertigineuse du numerus apertus à 16 000 places ? Cette fuite en avant témoigne d’une approche aussi simpliste que dangereuse : croire qu’il suffit de former plus de médecins pour résoudre la crise sanitaire. N’avons-nous donc rien appris des erreurs des années 1980 ?
Dans les années 1970-1980, face à un prétendu surplus de médecins, on a drastiquement réduit le numerus clausus (aidé d’ailleurs en cela par les syndicats de médecins…) Résultat ? Une pénurie catastrophique quarante ans plus tard. Aujourd’hui, pris de panique, nous faisons exactement l’inverse, préparant mécaniquement une nouvelle crise pour 2035-2040.
Le plus consternant dans cette valse-hésitation est l’absence totale de mémoire institutionnelle. Nos décideurs semblent incapables d’appréhender les cycles longs de la démographie médicale. Former un médecin prend dix ans, mais les conséquences de nos choix se mesurent sur des décennies.

Une politique du “coup de menton
Au lieu d’une réflexion approfondie sur l’organisation territoriale des soins, sur l’évolution des pratiques médicales, sur les nouveaux modes d’exercice, nous assistons à une surenchère de mesures spectaculaires mais peu réfléchies. Le Programme Hippocrate, malgré ses bonnes intentions, risque de n’être qu’un pansement sur une jambe de bois.

L’urgence d’une vision stratégique
Il est temps d’abandonner cette politique de gestion à vue pour adopter une véritable stratégie de santé publique. Cela implique de penser notre système de santé non pas en termes de quotas, mais en termes d’organisation territoriale, de parcours de soins, et d’attractivité des territoires.
La célèbre maxime de Pierre Mendès France, “Gouverner c’est prévoir”, n’a jamais semblé aussi pertinente qu’aujourd’hui. Malheureusement, en matière de santé, nous semblons condamnés à naviguer à vue, oscillant perpétuellement entre deux extrêmes, incapables d’apprendre de nos erreurs passées. À quand une véritable politique de santé visionnaire et pérenne ?

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