
L’Assemblée nationale examine une proposition de loi visant à rénover le métier infirmier en leur accordant plus d’autonomie. Ce texte prévoit notamment la création d’une consultation infirmière, un droit de prescription et l’introduction d’un diagnostic propre. L’Ordre national des infirmiers soutient cette réforme, estimant qu’elle permettrait de mieux reconnaître leur rôle et d’optimiser l’organisation des soins.
Cependant, ces mesures suscitent des tensions avec les syndicats de médecins, qui craignent une dévalorisation de leur profession et une médecine à deux vitesses. Un amendement propose une expérimentation de l’accès direct aux infirmiers, sans prescription médicale, dans cinq départements pendant trois ans. Cette initiative est jugée insuffisante par les infirmiers libéraux, qui demandent une reconnaissance immédiate de leurs compétences.
Le projet de loi ouvre aussi la voie à l’élargissement de la pratique avancée pour certaines spécialités infirmières, comme l’anesthésie ou la puériculture, une évolution qui divise parlementaires et professionnels de santé. Si le texte est adopté en première lecture, il sera ensuite examiné par le Sénat, où les débats s’annoncent tout aussi animés. (LQM)
Ordre des infirmiers : une stabilité en tension
Malgré une démographie « solide », l’accès aux soins pourrait se fragiliser, alerte Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre des infirmiers.
Avec 565.553 infirmiers inscrits, dont 145.000 libéraux, leur répartition reste inégale : certaines zones périphériques et frontalières souffrent de sous-dotation, aggravée par un zonage infirmier obsolète. Par ailleurs, le vieillissement de la profession inquiète, notamment en libéral, où les plus de 60 ans ont doublé en cinq ans.
Pour anticiper une demande en forte hausse (+55 % d’ici 2040), l’ONI appelle à renforcer la formation et revaloriser les spécialités. Une refonte est prévue pour 2026, afin d’éviter une crise similaire à celle des médecins.
Infirmiers en pratique avancée : insatisfaction et avenir incertain
Une enquête de l’Union nationale des infirmiers en pratique avancée (Unipa) révèle une insatisfaction généralisée des IPA concernant leur rémunération et leur reconnaissance professionnelle. Menée auprès de 1 058 répondants, elle montre que la majorité des IPA, qu’ils soient salariés ou libéraux, estiment leur rémunération insuffisante au regard de leurs responsabilités accrues.
Dans la fonction publique hospitalière, seuls 5,5 % des IPA se disent satisfaits de leur salaire, avec une augmentation moyenne de 94 €. Dans le secteur privé, bien que la hausse atteigne 290 €, 60 % restent insatisfaits. Pour les libéraux, la situation est encore plus préoccupante : la profession est jugée « non viable » en raison d’une perte moyenne de 29 926 € par rapport à leur ancien statut d’infirmier libéral.
Cette précarité financière s’ajoute à un manque de reconnaissance et des difficultés d’intégration. Un tiers des IPA de la fonction publique hospitalière envisagent de quitter leur poste, et près de 40 % des libéraux cherchent à se reconvertir.
L’Unipa appelle à une refonte des grilles salariales, une clarification du statut des IPA et un modèle de rémunération plus adapté, notamment pour les libéraux. Elle dénonce aussi le blocage persistant de l’accès direct par l’Assurance maladie, qui freine leur développement. Alors que la réforme du métier d’infirmier est en discussion à l’Assemblée, ces revendications seront déterminantes pour l’avenir de la profession.
Source APMNews