Depuis peu, plusieurs collectivités locales d’Occitanie se sont engagées dans la lutte contre les perturbateurs endocriniens, en signant une Charte d’engagement Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens, portée par le Réseau Environnement Santé. Elles viennent d’être rejointes par le Conseil Régional d’Occitanie.
Nous sommes exposés quotidiennement à des perturbateurs endocriniens, c’est-à-dire à des produits chimiques de synthèse présents dans les articles de consommation courante ou contaminants environnementaux de l’air, de l’eau ou des aliments. En moins d’un siècle la production de produits chimiques de synthèse est passée de 1 à 500 millions de tonnes par an. Leurs nombreuses applications sont indissociables du confort moderne : matières plastiques, engrais et pesticides agricoles, pharmacie, cosmétiques… Les perturbateurs endocriniens sont omniprésents dans notre quotidien. « Avec le recul, expliquent les membres du Réseau Environnement Santé, on associe maintenant de plus en plus ces expositions à certains types de produits chimiques à plusieurs maladies chroniques en pleine expansion telles que obésité-diabète, troubles de la reproduction, asthme, maladies neuro-comportementales. 80 à 90% des cancers sont liés à nos modes de vie et à l’environnement. » Ce qui inclut : nutrition, sédentarité, tabagisme, alcool, stress, médicaments, exposition chimique, infections.
L’Occitanie est particulièrement concernée, avec des taux de troubles de la fertilité et de pubertés précoces supérieurs à la moyenne nationale. Selon le professeur Charles Sultan, endocrino-pédiatre au CHU de Montpellier qui participait la semaine dernière à une matinée d’information organisée à Toulouse par la Région, « les perturbateurs endocriniens sont un scandale sanitaire indiscutable ». Cela fait un moment que l’Occitanie et notamment Toulouse se sont saisies du problème : le médecin Gérard Bapt, député de Haute-Garonne n’a-t-il pas été, il y a dix ans, le premier élu de France à interdire le Bisphénol A dans sa commune de Saint-Jean !
Pour participer à cette lutte, plusieurs communes dont Toulouse, Saint-Jean et Ramonville-Saint-Agne (Haute-Garonne), Le Sequestre (Tarn) et un département, le Tarn, ont signé la «Charte d’engagement Villes et territoires sans perturbateurs endocriniens». Que dit cette charte ? Elle engage notamment les collectivités à ne plus utiliser de produits phytosanitaires contenant des perturbateurs ; à développer la consommation d’aliments bio ; à former la population, les soignants et leurs agents aux enjeux des perturbateurs, et à éliminer ces substances de leurs contrats et achats publics.
La Région Occitanie vient, elle-aussi, de poser sa signature au bas de la Charte et le conseil départemental de Haute-Garonne devrait le faire à la fin du mois. Mais déjà Toulouse veut bannir les barquettes en plastique de ses cuisines centrales d’ici 2021. À Ramonville, les personnels d’entretien sont formés à l’utilisation de produits sans perturbateurs. Et le Tarn, quant à lui, évalue le taux de contamination de ses habitants.