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On ne tire pas sur une ambulance. Mais…

Mediapart, dans un article incendiaire (au point qu’on en appellerait presque le 18), se fait l’écho de la dérive de « SAUV Life » : derrière cette association, au départ respectable et respectée, dont le but initial, via une application, consistait à demander à des citoyens volontaires d’intervenir au plus vite pour une personne en arrêt, se cache un nouveau concept, les « unités de télémédecine ».
Ques aquo ? comme aurait dit ma grand mère. – Une expérimentation qui se développe aujourd’hui sur 15 sites.
Le principe : à la demande du 15, on déclenche un véhicule avec un infirmier doté d’une mallette de téléconsultation qui le met en rapport avec un médecin du 15.
L’objectif : diminuer les passages aux urgences.
Le résultat : très bon pour les patients pris en charge, mais avec 5 interventions par jour sur 2 500 appels en IDF, c’est moins qu’une goutte d’eau !
Le coût : à combien revient la demi-goutte d’eau ? – 180 euros la visite…
Et derrière l’association, on retrouve une société purement commerciale, toujours d’après Mediapart. Au delà des carabistouilles derrière cette histoire, le problème est celui du tarif de ces interventions que l’on voit fleurir ici et là, à l’initiative d’acteurs publics ou privés, pour accomplir une des missions du médecin traitant qui est le maintien à domicile. Pour coûteuses qu’elles soient, ces initiatives ont au moins le mérite de démontrer (par l’absurde) le coût réel de la visite à domicile. Et notre extraordinaire rentabilité médico-économique qui devrait interroger nos politiques.
Conclusion où l’on revient à l’attractivité du métier de soignant : le modèle économique actuel n’est plus tenable pour les médecins traitants notamment généralistes, avec un tarif de visite à domicile à 35 euros. Les visites sont toujours longues (notamment en ville) et complexes et ont donc un retentissement sur le nombre de patients pouvant être vus par jour. Redonner de l’attractivité aux métiers de soins et notamment aux médecins aujourd’hui n’est pas une nécessité, mais une priorité absolue. C’est à partir des modifications du modèle économique que des solutions alternatives pourront être envisagées sereinement.
Philippe Trotabas, directeur coordonnateur de la gestion du risque de l’Assurance Maladie, évoque d’ailleurs dans son interview les grandes lignes de la convention qui s’annonce où les sujets majeurs que sont le soutien aux médecins, notamment au travers de la simplification de la mise en place des assistants médicaux (49% des médecins sont en burnout…), la rémunération (équilibre entre actes et forfaits), la réponse à la DSNP et la coordination des soins, constitueront l’essentiel des discussions. L’Occitanie, avec sa représentation pluri-syndicale, saura faire entendre notre voix au niveau national.

Jean-Christophe Calmes – Président de l’URPS ML OCCITANIE

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