Lors d’un webinaire organisé par Gerontonews le 2 avril, Julien Brunet, directeur d’Ehpad dans le Finistère et administrateur du GCSMS Comète Bretagne, a souligné le potentiel « vertigineux » de l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur médico-social. Selon lui, l’IA deviendra rapidement indispensable pour améliorer l’accompagnement des résidents, ainsi que la gestion financière et des ressources humaines.
Parmi les expérimentations citées, le projet Emobot a permis de détecter précocement les troubles anxieux chez les résidents grâce à des robots capables d’analyser les expressions faciales. Dans 83 % des cas, la détection a été plus précoce qu’avec un psychologue seul. En parallèle, le projet IA Care, en cours de développement, vise à automatiser certaines tâches de gestion.
Cependant, l’intégration de l’IA soulève des questions. Si les résidents se montrent globalement réceptifs, les professionnels, eux, expriment des craintes, notamment sur la déshumanisation des soins. David Gruson, cofondateur d’Ethik-IA, rappelle que l’IA doit rester un outil d’appui, notamment pour les fonctions support, afin de restituer du temps aux soignants. L’avocate Emilie Danglades-Perez insiste quant à elle sur la nécessité d’une supervision humaine continue.
Sur le plan réglementaire, l’AI Act européen encadrera progressivement l’usage de l’IA jusqu’en 2027. Il impose des obligations strictes aux Ehpad, notamment en matière de cartographie des outils, d’analyse des risques et de formation du personnel. Des sanctions sont prévues en cas de non-conformité, à l’image du RGPD.
Julien Brunet conclut sur l’importance de la coopération pour mener à bien ces projets, tant sur le plan technique que financier : « Un Ehpad seul ne peut pas porter un tel développement. »
Source TIC Santé, Manon Serveau, Maxime Ricard
