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Régulation de l’installation : grève des cabinets libéraux le 28 avril

Pour la première fois depuis longtemps, la profession se rassemble autour d’une grève intersyndicale illimitée.

Le monde médical entre en résistance face à la proposition de loi Garot, qui prévoit de réguler l’installation des médecins en conditionnant toute nouvelle implantation en zone surdotée à une autorisation de l’ARS. Une mesure jugée coercitive, qui a provoqué une levée de boucliers inédite. À compter du 28 avril, une grève de la permanence des soins est annoncée, assortie, pour ceux qui le peuvent, de la fermeture des cabinets libéraux. Une manifestation nationale est prévue dès le lendemain, le 29 avril, à Paris et en région.

Réunis le 16 avril, l’ensemble des syndicats de jeunes médecins, de praticiens libéraux, ainsi que SOS Médecins, Médecins pour demain et même un représentant de l’Ordre, ont exprimé leur rejet du texte. Pour la première fois depuis longtemps, la profession se rassemble autour d’une grève intersyndicale illimitée, « de toutes les spécialités », selon la Dr Anna Boctor, cheffe de file du syndicat Jeunes Médecins.

Mais derrière cette unité de façade, les modalités d’action divisent. Tandis que les syndicats juniors prônent un bras de fer prolongé, les organisations plus anciennes envisagent une journée d’action symbolique. La question de la fermeture des cabinets fait également débat : « Cela pourrait être dangereux pour certains patients », alerte la Dr Sophie Bauer (SML). La FMF, elle, a d’ores et déjà donné consigne de fermeture à ses adhérents.

Pour soutenir les jeunes mobilisés, une cagnotte en ligne a été lancée par l’Anemf, relayée par les syndicats avec un mot d’ordre : « Donner une consultation pour sauver la médecine libérale ». Les fonds collectés seront répartis entre plusieurs organisations étudiantes.

Le retour envisagé de l’obligation de permanence des soins, prévu à l’article 4 de la loi, constitue un autre motif de crispation. Cette mesure pourrait, selon l’intersyndicale, faire fuir les jeunes médecins de l’exercice libéral. Une grève des permanences de soins ambulatoires et hospitalières débutera également le 28 avril, alors que les praticiens hospitaliers du public entameront leur propre mouvement dès le 1er mai. Une convergence qui pourrait sérieusement fragiliser la continuité des soins.

Face à la contestation, le ministre de la Santé Yannick Neuder a ouvert la porte au dialogue, exhortant les syndicats à faire des propositions. Les jeunes médecins ont répondu en dévoilant leur propre texte, qu’ils présentent comme réaliste, concret et directement issu du terrain, avec des mesures pour libérer du temps médical et faciliter l’exercice mixte ville-hôpital. La CSMF doit pour sa part présenter ses propositions le 23 avril. Reste à savoir si ces initiatives suffiront à faire évoluer le texte.

(Source Le quotidien du médecin, François Petty et Aude Frapin)

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