Pour faire face à la pénurie de médecins, certains leviers sont incontournables : attractivité de la profession, éducation des patients, SAS, terrains de stage, IPA, etc. Quelques médecins estiment que l’aspect organisationnel de l’exercice médical est incontournable pour réussir le pari de l’accès aux soins sur les territoires. Louis GOUBIN, généraliste installé depuis 2013 à Conques-sur-Orbiel près de Carcassonne est l’un d’eux. Une forte conviction anime le président de la CPTS du Cabardès : « répondre en urgence à l’impératif de mettre sur la table des échanges constructifs entre médecins sur les organisations nécessaires dans tous les agendas pour arriver à soigner tout le monde ! » Aussi, estimant que « l’aspect organisationnel est souvent contourné et parfois rejeté , il a pris sa plume pour rédiger le vademecum de la prise à bon escient d’un rendez-vous avec un médecin. (exemple à télécharger ci-dessous, il s’agit du document spécifique au cabinet où il exerce,)
Agenda organisationnel du cabinet (exemple)
Interview du docteur Goubin
Vous êtes médecin généraliste à Conques sur Orbiel près de Carcassonne. Dans votre pratique quotidienne de médecin libéral, vous avez ressenti le besoin de préparer pour vos patients une sorte de vademecum, de petit guide de bonnes pratiques pour être « un bon patient », pour travailler en bonne intelligence avec vous ? Comment est venue cette idée ?
Docteur Louis Goubin : L’idée est venue simplement de la situation qu’on vit et qu’on voit s’installer depuis plusieurs années. Mais cette année je trouve qu’on a pris un tournant. C’est une situation de pénurie de médecins avec un nombre important de patients sans médecin traitant partout en France et dans mon secteur également. Nous avons l’impératif de continuer à prendre de nouveaux patients « médecins, traitants » et nous continuons à vouloir garder une qualité de vie avec du temps libre et du temps pour les patients. Ne pas avoir besoin de trop réduire la durée des consultations et la nécessité de pouvoir revoir rapidement certains patients pour des motifs qu’on dit « non programmés ». Et les délais de réponse à ces motifs peuvent être rapides, alors que pour d’autres motifs programmés comme les renouvellements, les bilans de santé, certificats de sport, on peut toujours avoir des délais plus longs, voire beaucoup plus longs.
Par contre, on se heurte à des habitudes, parfois de incompréhension, des réticences des patients face à ces nouvelles consignes. C’est très compliqué de changer les habitudes et il nous a paru indispensable au vu des réactions de le formaliser.
Depuis combien de temps êtes vous installé et quand avez vous mis en place ce petit vade mecum
Docteur Louis Goubin : Je suis installé depuis dix ans. J’avais fait une petite carte avec ces notions-là il y a deux ans et récemment sous la ferme de flyer.
Comment le vivent vos patients ?
Docteur Louis Goubin : Cela se passe bien pour les nouveaux patients qui sont prévenus dès le début, ils sont contents de voir qu’on les prend comme médecin traitant et qu’on leur explique que c’est grâce à ce fonctionnement qu’on arrive à prendre des nouveaux patients. Si les règles du jeu sont d’emblée posées, il n’y a pas de souci à prévoir. Pour les patients du cabinet qui ont déjà leurs habitudes, il y a parfois une réaction du genre : « mais vous m’avez pourtant depuis longtemps »… C’est un peu le même dialogue qu’on pourrait avoir avec un commerçant qui estime que la fidélité devrait lui apporter certains privilèges….
Au sein de la CPTS dont vous êtes président, vous en avez parlé ?
Docteur Louis Goubin : Oui, on y va doucement parce que c’est quand même très important de respecter la pratique des uns et des autres pour qu’on puisse mettre en place un travail coordonné. Il ne s’agit pas de faire faire son donneur de leçon, ça peut être très mal pris.…